LE MONT SAINT MICHEL ISOLE DEPUIS LE 15 MARS !
§Article de Jack Lecoq.
Le site du Mont Saint Michel est interdit d’accès aux visiteurs depuis le mercredi 15 mars. La lutte contre le coronavirus justifie cette mesure extrême.
Le Mont Saint Michel a perdu ses touristes ! Comme la Tour Eiffel. On est passé de 6 000 visiteurs, par jour, en moyenne, à zéro. Du jamais vu. Même pendant la guerre. Les soldats allemands, désoeuvrés, visitaient, nombreux, le Mont, bien obligé de les accueillir. Au dire des montois, ce serait plutôt une ambiance d’avant-guerre. L’Abbaye, en hiver, recevait, parfois, la visite de seulement cinq personnes dans la journée, pas plus. Mais, un commerce, un bar, au moins, devait rester ouvert, pour la centaine de Montois qui y vivaient à l’époque. Les moyens d’accès, par cars et trains, fonctionnaient normalement. Alors qu’aujourd’hui, toutes les navettes, qui conduisent les visiteurs au Mont, sont arrêtées.

Le virus a réussi un coup de maître. Il faut le reconnaître. Soyons beau joueur. Mais, attention, le Mont Saint Michel est placé sous la protection de l’Archange. Et celui ci n’a pas dit son dernier mot…
Les rues du Mont Saint Michel sont actuellement désertes. On ne va pas écrire qu’il n’ y a pas un chat, puisque, au contraire, il y en a plusieurs dizaines, sauvages, qui connaissent toutes les cachettes du village. Ils sont nourris par un commerçant. Ayons une pensée pour les malheureux moineaux privés de miettes de pains au chocolat. Les goélands, casse cou, ne vous arracheront plus les glaces des mains, en descendant dans votre dos, en rase – motte. Nostalgie, quand tu nous tiens…
Une vingtaine de montois, à l’année
Outre les animaux, le Mont n’est pas vide. Une vingtaine de personnes y ont élu domicile, à l’année. Cette communauté comprend une dizaine de moines et de moniales, un curé qui dessert l’église paroissiale, quelques couples de retraités, les pompiers et les agents de surveillance. Chaque jour, comme dans toute commune, les employés communaux assurent la maintenance du site. Les techniciens et ingénieurs gèrent, toujours, le barrage du Couesnon chargé de désensabler les abords du Mont. Les Montois ne restent pas inactifs. Chaque soir, les religieux sonnent les cloches de l’église paroissiale, pour soutenir le personnel médical qui lutte contre l’épidémie.
Ces photographies ont été prises, dans les dernières heures, avant l’interdiction d’accès. Une centaine de personnes, s’y promenaient encore : de jeunes couples, quelques rares touristes étrangers, étonnés par la situation. Une poignée d’ouvriers, juchés sur un échafaudage, continuaient leur travail de restauration du rocher, d’autres oeuvraient dans un restaurant. Depuis, tous les commerces, sans exceptions, ont fermé, même l’Office de Tourisme.
Contempler l’architecture du Mont Saint Michel
L’impression est étrange, quelque peu, irréelle. Les derniers visiteurs profitent, vraiment, du site. Ils contemplent, tranquillement, la mer, depuis la Tour du Nord, comme le faisait les rares voyageurs du passé, souvent des écrivains. Relisez les écrits de Victor Hugo, Maupassant et Roger Vercel. Vous avez le temps.
On redécouvre l’architecture de la rue principale, les belles maisons en colombage du XVI ème siècle. En été, il est difficile de les contempler, quand la masse des visiteurs vous assaille. Vous êtes emporté, bousculé, compressé comme des sardines dans leur boite. Cette tranquillité est bien le seul mérite de ce virus. Au bout d’un moment, un malaise s’installe, quand même. Et si tout cela n’était qu’un cauchemar, qu’un film catastrophe d’Hollywood. Au secours, Bruce Willis !
Le Mont Saint Michel a perdu ses touristes, progressivement. D’abord les Coréens ont commencé par annuler leurs réservations du printemps. Puis les Japonais ont suivi. Les cars touristiques, originaires de Paris, ont disparu. Les grands bus qui assurent la liaison, entre le Mont et la gare de Rennes, arrivaient à vide et emportaient les derniers groupes d’asiatiques, pressés de rentrer chez eux. Dans les hôtels – restaurants, le personnel s’inquiétait d’une possible fermeture de l’Abbaye. Et puis l’inimaginable est arrivé, le confinement !
Interdit de se promener sur la digue – passerelle
La tentation est grande de se rendre dans ce Palais de la Belle au Bois Dormant. Puis je aller jusqu‘au pied du Mont, en voiture ? Impossible ! Deux barrières de filtration bloqueront votre véhicule, à l‘entrée des parkings.
Et si j’allais au Mont, en course à pied, en empruntant la digue – passerelle ? Sympa, un bon bol d’air frais, avec la Merveille, en mire, quel pied ! Désolé de vous contredire, une seconde fois, mais cette pratique sportive, ou excursion, est interdire, même aux montois. Et puis, où allez vous garez votre véhicule ? Les parkings sont fermés, les routes d’accès interdites au stationnement. On peut toujours occuper une parcelle agricole… Attention ! La maréchaussée connaît bien les astuces des resquilleurs.
Traversée la baie du Mont Saint Michel à pied…
Nullement désemparé, vous insistez : Puisque c’est comme ça, je vais traverser la baie, à pied, comme les guides ou les pêcheurs. Non, non… l’accès au littoral est interdit et gare à la marée montante ! On vous voit venir de loin. Vous ne serez pas le bienvenu, car le Mont est un site Vigipirate, particulièrement surveillé par les gendarmes. De plus, imaginez que soyez pris dans les sables mouvants, qu’il fasse vous hélitreuiller, bonjour les ennuis…
Visiter le Mont Saint Michel le soir
Il est toujours possible de visiter le Mont Saint Michel, sans ses touristes, hors de la période de confinement. Il suffit de vous y rendre le soir. Les rues sont pratiquement désertes, l’église paroissiale ouverte. Vous profiterez des illuminations de l’abbaye. Plusieurs restaurants vous accueilleront, bien volontiers.