Les oiseaux en baie du Mont Saint Michel

Les oiseaux en baie du Mont Saint Michel

70 000 oiseaux hibernent en Baie du Mont Saint Michel

Un article de Jack Lecoq

Les immenses étendues de la baie, 22 000 hectares de sable et d’argile sont un paradis pour les oiseaux de mer. Ils bénéficient de conditions de vie exceptionnelles : On y est tranquille et la nourriture est abondande.     

Régulièrement, les ornithologues procèdent au comptage de ces oiseaux. Une quinzaine de passionnés, se retrouvent sur les plages, à haute mer, de Carolles à Cancale. «C’est le meilleur moment, pour les observer, car le flot les poussent vers la terre» explique Séverine Loton, animatrice nature et guide en baie. Le dernier comptage a eu lieu, en janvier. Ils ont été réalisés par deux associations, le Groupe Ornithologique Normand et Bretagne Vivante. Le nombre d’oiseaux observés, plus de 70 000, est considérable. Voici le détail des chiffres :  

Courlis cendré par Nico
Courlis cendrés ©Nico

Limicoles

56000 petits oiseaux de vase sont présents en baie. 

  • Bécasseau variable : 21 250 individus,
  • Bécasseau maubèche : 8 000 oiseaux,
  • Pluvier argenté : 5 000 individus,
  • Courlis cendré : 3 200 oiseaux, auquel il faut ajouter :
  • 5 200 vanneaux et 1650 pluviers dorés.

Les oiseaux désignés par le terme de limicoles sont de petits échassiers appartenant à l’ordre des Charadriiformes, plus précisément au sous-ordre des Charadrii. On compte environ 216 espèces de limicoles, dont la plupart fréquentent des marécages, les zones humides de l’intérieur des terres et des rivages marins.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Limicole
Des bécasseaux Sanderling ©Séverine Loton

Anatidés (ou Anatidae)

13 000 oiseaux ont été aperçus, dont environ 7 000 bernarches (oies) et 5 200 macreuses noires (canards), dans toute la baie.

Les Anatidae constituent la plus importante famille de l’ordre des Anseriformes. Elle comprend les oies, les cygnes, les canards et espèces apparentées: dendrocygnes, coscoroba, bernaches, céréopse, stictonette, ouettes, tadornes, brassemers, oie-armée, ptéronette, anserelles, callonette, merganette, sarcelles, nettes, fuligules, morillon, eiders, arlequin, harelde, macreuses, garrots, harles, hétéronette et érismatures. Ces termes ne sont ni très précis ni spécifiques à une espèce ou un genre, c’est-à-dire qu’une même espèce peut s’appeler à la fois Fuligule à collier et Morillon à bec cerclé.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Anatidae

Laridés 

1000 oiseaux, qui se répartissent entre 600 mouettes rieuses, 180 goélands argentés et 124 goélands marins, plus 19 grands cormorans, ainsi que :

  • 24 aigrette garzette,
  • 7 spatules blanches,
  • 3 grèbes huppés,
Aigrette Garzette
Une Aigrette Garzette ©Wildernessphoto

Les laridés (Laridae) sont une famille d’oiseaux constituée de 23 genres et de 102 espèces existantes. Elle comprend les Larinae (mouettes et goélands), les Sterninae (sternes, guifettes, noddis et gygis) et les Rynchopinae (becs-en-ciseaux).

Contrairement à une opinion répandue, beaucoup de laridés ne sont pas véritablement des oiseaux marins. Bon nombre d’espèces se reproduisent au bord des eaux continentales, et pour la plupart des autres, la répartition est plutôt côtière, surtout pendant la période de nidification.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Laridae
Une Grève Huppé, ©Nathalie Sant Maria

Un trait d’union, entre l’Europe et l’Afrique

La baie du Mont Saint Michel est un trait d’union, indispensable, pour les limicoles, lors de leur migration post nuptiale, entre le Nord de la Scandinavie et l’Afrique. «Les acteurs de la baie ont une responsabilité toute particulière dans la préservation  de ce vaste restaurant fréquenté par ces champions du monde de la migration. Sans elle, nombre d’entre eux, n’arriveraient pas à rejoindre leurs quartiers d’hivers » explique Séverine. « Particulièrement, le bécasseau maubèche qui revient de Sibérie, ou du Nord Est du Canada». Ce petit oiseau va hiverner sur les côtes françaises, voire jusqu’en Afrique du Sud. C’est un voyage de 9000 km, pour certains d’entre eux, avec une unique pause, en baie, où ils prendront le temps de se reposer, de doubler leur poids et de repartir». 

Observation des oiseaux de Tombelaine, en avril

Le climat, depuis l’automne, est particulièrement pluvieux. Les grands fleuves de la baie, le Couesnon, la Sée et la Sélune, sont en crue. Le grand estuaire de la Sélune mesure plus de 820 mètres de large ! D’énormes quantités de canards et d‘oies cendrées chassés par le froid, qui a sévit en Europe du Nord, cet hiver, sont descendus vers le sud. Les prés salés accueillent les oies. On peut les apercevoir, en vol, lorsque l’on se promène, actuellement, dans la baie. Des bandes décollent, en grand nombre, lors d’un dérangement. Il s’élèvent au dessus des herbus, se mettent à l’abri dans les fleuves, où ils se posent. C’est un spectacle magnifique. Les oies ne restent pas silencieuses. A marée montante, la mer les entraîne vers le fond de baie.

Migration d’oies cendrées ©isnea

Les visiteurs du Mont Saint Michel, peuvent observer, un autre spectacle. Une colonie de goélands s’est installée sur le célèbre rocher. Ce qui n’est pas sans poser de problèmes aux commerçants. Ces oiseaux n’hésitent pas à dépouiller les touristes. Ils descendent dans votre dos, et vous arrachent des mains, la crêpe, ou le cornet de frites. Certains risquent tout,  se posent sur les tables de restaurant et se servent…

Une trentaine de couples de goélands commencent à se former. Ils vont nicher sur les parties rocheuses du monument, dans les niches des toitures. Il sera possible, d’observer, en juin, les oisillons, depuis les remparts supérieurs sud. 

4000 tadornes dans les vasières du Lerre

Mais, pour les visiteurs de la baie, en particulier, les ornithologues ou les scolaires, le lieu d’observation idéal reste l’île de Tombelaine. On peut y accéder, seulement, à partir du mois d’avril. Il fait, encore, trop froid pour être nu pied ! L’île est distante de 2, 5 km du Mont Saint Michel. Il faut 45 minutes, pour s’y rendre et traverser les fleuves Sée et Sélune. La récompense est au bout. Le guide effectue le tour de l’île, 900 mètres, environ et chacun peut observer les goélands et les aigrettes garzette en train de couver. En juin, les poussins courent sur le sable et forment des «bandes d’ados» qui se laissent approcher.

On comptabilise, les bonnes années, près de 350 nids de goélands, argentés, pour la plupart, et plus de 190 nids d’aigrette. Cerise sur le gâteau, un couple de faucon pèlerin, une rareté de nos jours, arrive à élever un poussin, chaque année, sur une pointe de l’îlot. 

Goelands argentes de la baie du mont saint michel
Goëland argenté ©Benoit Danieau photographies

En partant du Bec d’Andaine, à Genêts, vous traverserez les dunes domaine du gravelot à collier interrompu, qui prend tous les risques en nichant dans le haut de la laisse de mer. On peut écraser un nid, sans s’en rendre compte. Les bébés, de la taille d’un ongle se sauvent, lors d’un péril. Les 4000 beaux canards tadorne de belon se nourrissent dans les  vasières du fleuve le Lerre qui longe, au large, les dunes de Dragey. Ils  se reproduisent dans les terriers de lapins.

Fauycon pèlerin en baie du mont saint michel
Une rareté : le Faucon pèlerin en Baie du Mont Saint Michel